Chouchi

 

Il y a des rencontres et des lieux qui peuvent bouleverser profondément une vie.
Pour ma part, ce fut Chouchi.
Chouchi, capitale historique de l’Artsakh, est une ville forteresse qui se situe en altitude au centre du Haut-Karabagh, à environ 300 km de Erevan, capital de l’Arménie. 
Grace à Lara, Gohar, Raffi, et au programme Birthright, j’ai pu travailler au sein de l’ONG WRC Chouchi avec sa directrice Gayané qui est devenue une personne très cher à mon cœur. 
J’ai ainsi pu vivre des moments uniques avec des gens et des familles formidables, comme la famille d’Edo et Gayané, la famille d’Erbrouz, la famille de Pakrat.
Je souhaite à chacun de pouvoir connaitre ce genre d’expérience.
Durant ces années, j’ai partagé leurs vies et capturé leur quotidien à travers mes photos.
Hélas, depuis, une énième guerre a éclaté. Chouchi est actuellement aux mains des Azéris, comme d’autres provinces du territoire.
Il est important de savoir que l’Artsakh (nommé également Karabakh), est peuplé d’arméniens depuis le IV siècle et a toujours été peuplé majoritairement d’Arméniens. Les seuls liens que cette terre n’ait jamais eus avec les azéris remonte à l’époque de l’URSS, quand Staline a décidé en 1921 le rattachement du Haut-Karabagh à la république socialiste soviétique d’azerbaïdjan. Un découpage arbitraire, qui s’est évidement effectué sans consulter les principaux intéressés.
Depuis de nombreux massacres ont été perpétrés par les azéris contre la population arménienne,  avec l’aide de la Turquie, et dernièrement d’Israël. 
Aujourd’hui, Chouchi n’est plus, des familles entières ont dû abandonner du jour au lendemain leurs maisons, sans se douter qu’elles ne les reverraient pas, abandonnant derrière elles une partie de leurs existences.
J’ai longtemps hésité à publier ces images, par crainte de raviver des blessures. Puis j’en ai parler à mon amie Gayane, actuellement réfugiée en Arménie.
« Gayanée ? cela te ferait-il du mal de revoir la maison que tu as laissé à Chouchi ? Cela te ferait il mal de revoir tes instants de vie là-bas ? » 
« Au contraire Tamar, au contraire…  je sais maintenant qu’il nous reste au moins tes photos »
J’ai eu du mal à arrêter mon choix, mais voici certaines d’entre elles.

« Un traumatisme transgénérationnel »

Triptyque 1 :

« Les Bédouins nous ont tatoué la figure avec de l’encre bleue pour que nous ne soyons pas repérées en tant qu’arméniennes. »
« Les Bédouins nous ont tatoué la figure avec de l’encre bleue pour que nous ne soyons pas repérées
« Les Bédouins nous ont tatoué la figure avec de l’encre bleue 
« Les Bédouins nous ont tatoué

Nous sommes nés d’une plaie béante, sur notre peau, et au plus profond de nos entrailles « un traumatisme transgénérationnel. » La plupart d’entre nous n’a pu hériter du nom de famille de son ancêtre. Certains comme moi, ont pu savoir de quelle province ils étaient, (Sassoun du côté de mon père et Deurtyol du côté de ma mère), et avoir ainsi des informations sur leurs origines, et comprendre comment Ils avaient pu survivre à ce Génocide. Mais pour d’autres, leurs arbres généalogiques ne commencent qu’à partir de leurs arrière-grands-parents, ou grands-parents, nés on ne sait où, on ne sait quand, et rescapés on ne sait comment, d’un génocide.
Les relations entre l’Arménie et la Turquie ne semblent pas avoir d’issue. Irrémédiablement paralysées par une accumulation complexe de problématiques dont les racines sont à la fois identitaires, historique, géopolitique et économique.
Mais faut-il pour autant confondre l’état et la société civile turque ? Des personnalités, des intellectuels, des artistes, et des citoyens lambda, de nationalité et d’origine turque, se battent également pour la reconnaissance du génocide. La reconnaissance par la connaissance ! Continuons à transmettre notre histoire, notre culture, nos traditions. Continuons ce combat au nom de la vérité historique, sans les armes de la haine, ni les larmes des victimes.
Nous sommes vivants !!!

 

Texte sur le visage : Nom de famille Maternel : Avant 1915 – Koulikian / Après 1915 – Tavitian / Après 1968 – Tawitian – Nom de famille Paternel : Avant 1915 Giragossian Après 1915 – Kaghagzian / Après 1966 – Sarkissian Arménie / Sassoun / Deurtyol – France / Syrie / Liban
Texte sur le buste : (Texte armenien ) Koulikian Giragossian , Kaghagzian Tavitian Sarkissian – 1915, Génocide Extermination, Exode, Douleur, Crime, Rescapés, Exil, Survivant, Larmes, Deuil, Reconstruction, Diaspora,Reconnaissance du génocide, Combattre le négationnisme, Traumatisme, Commémoration, Justice, Transmission Tradition, Langue, Histoire, Savoir, Ne pas oublier, Ne pas disparaitre, Se battre sans haine

« Un traumatisme transgénérationnel »

Je suis Arménienne

Je suis vivante

« J’ai été frappé par l’ouverture et la liberté de regard de Jean* sur la Turquie. Enfin j’entendais quelqu’un me dire :  » Je rêve de voir la jeunesse turque et arménienne se mettre autour d’une même table pour tracer des voies de réconciliation pour bâtir ensemble l’avenir. » » Hrant Dink, journaliste et écrivain turc d’origine arménien 1954 – 2007 – *Jean Kéhayan, journaliste et écrivain français d’origine arménienne. 

Which way home?

 

The Women’s Resource Center présente « Which Way Home? »  Une exposition de photos, illustrant la situation des femmes réfugiées en Arménie, vu à travers l’objectif de cinq femmes Photographe.

L’exposition est organisée dans le cadre des 16 jours d’activisme pour mettre fin à la violence contre les femmes et la journée des droits de l’homme des Nations Unies, avec le soutien du UNHCR.

Boxi Hayat

 

Boxi Hayat, est le nom d’une cour intérieure qui se trouve en plein centre de Yerevan. Elle doit son nom, «Boxi Hayat» (hayat voulant dire cour), à la présence d’une salle de boxe, et de la fédération de boxe d’Arménie au sein d’un des immeubles se trouvant vers l’entrée principal de la cours.
Apparemment c’est l’une des cours les plus grande de Yerevan oú l’on trouve une école maternelle, le bureau de l’intendance de l’électricité du quartier, un petit terrain de foot, un parc pour enfant, un cordonnier, des vendeurs de fruits, des petits magasins, un snack, des parkings, et même une maison individuelle…
Mais boxi haya c’est avant tout ses habitants : grâce à eux il y règne une ambiance qui fait toute son histoire et sa singularité. Je peux en témoigner car j’y ai vécu.J’entends encore la voix des parents appelant leurs enfants à rentrer; Ces enfants construisant des cabanes, jouant, imitant les grands en organisant des goûtés autour d’un feu factice; Les repas improvisés entre amis en plein milieu de la cour, les femmes lavant, bâtant, séchant la laine; Les voisins, les cafés, les fruits offerts par le marchant de fruit, les joueurs de carte, d’échec et de baggamon,  …
Je pourrais en énumérer encore tellement.Mais je pense que les mots ne pourront pas vous faire ressentir tout cela aussi bien que les images. Je vous invite donc à découvrir tout cela au travers de ces photos.

Amot’ é

Honteux

 

Une femme doit pouvoir assumer pleinement son corps, ses formes, ses désirs, sa sexualité quelle qu’elle soit. Dans notre société cela est souvent difficile à accomplir … En Arménie comme ailleurs le « amot’ é » (l’acte honteux), est omni présent, insidieux, lourd de silence.
Se sentir libre de dénuder ses jambes, son corps, vivre sa sexualité et rester fidèle à ses idées sont des actes naturels qui peuvent encore être perçus comme répréhensibles, car vous êtes une fille, une femme, une mère. Certaines personnes préfèrent que la femme arménienne soit représentée en costume traditionnel. Même s’il est représentatif de ce que nous sommes, au même titre que celui des hommes, il ne doit pas faire oublier ce qu’il se trouve « dessous ». Un corps dont la femme ne doit pas avoir honte, dont elle ne doit pas avoir peur, dont elle doit être fier … Aimer son corps, le faire vivre sans avoir peur de passer pour une fille facile, sans morale, sans respect pour elle-même, ni pour les autres.

À propos

ET HOP